Very math trip
Théâtre Le Palace, 38 cours Jean Jaurès
Manu Houdart, un prof de maths belge s’est mis en tête de nous intéresser à sa science non reconnue par le Nobel car la femme de M. Nobel avait un amant mathématicien. À quoi ça tient la science des fois ! Enfin, il est empathique et nous introduit dans les merveilles des mathématiques avec par exemple, en nous expliquant comment M. Gauss (celui de la célèbre courbe), enfant déjà doué, avait trouvé la manière d’additionner les nombres de 1 à 100 sans se fatiguer à faire toutes les opérations. Sa courbe nous apprend entre autres qu’il suffit de 23 personnes pour avoir deux dates de naissance (le jour et le mois) identiques, mais le plus épatant c’est la notation . Manu Houdart, pendant le confinement a appris dix milles décimales (leur suite est non logique) de ce chiffre-monde infini : 3,14159265358979323846264338327950288419716939937510582, etc.
Sur scène, il en fait la démonstration en demandant à un spectateur le lire les premiers chiffres de la ligne d’une page au hasard et il en déclame la suite sans se tromper (en se concentrant un peu quand même). D’autres opérations où il fait participer le public nous font la démonstration que les maths, c’est pas si compliqué et que surtout, qu’on y découvre très souvent des effets « Whaoo !». On ne suit pas tout, mais les projections sur l’écran et l’énergie du prof nous font passer un moment participatif agréable.

Antonio Placer « Trovaores ».
Théâtre du Rempart, 56 rue du Rempart Saint-Lazare
Un guitariste d’un immense talent (Juan Antonio Suarez Canito), deux chanteurs émouvants (Antonio Placer, Javier Rivera) et un beau et puissant danseur (Rafael Campallo) composent ce quartet de flamenco bouleversant. Comment la musique venue du fond des âges (et des tripes) de Galicie, d’Andalousie et des troubadours d’Occitanie, enrichie de toutes ces influences, parvient à l’expression intense des sentiments, et particulièrement celui du désespoir amoureux.
Nominé (catégorie meilleur artiste) aux Victoires de la Musique 2022, Antonio Placer revisite et réinvente le flamenco, nous faisant vivre un prodigieux moment d’émotion musicale. A ne pas rater, un concert exceptionnel.

Futur proche
Palais des papes
Un clavecin aux mains d’une virtuose (la polonaise Goska Isphording) fait rivevolter dix-sept danseurs d’âges différents, dont deux enfants, dirigés par le chorégraphe Jan Martens.
Rien ne ressemble à ce ballet d’une originalité et d’une liberté rares. Les danseurs sont dans leurs tenues de tous les jours, pieds nus ou non, et chacun semble jouer sa propre partition, se mettre en mouvement avec ses propres gestes. Sur un rythme effréné, ils se meuvent sur toute la largeur de la scène immense du Palais des Papes. On ne peut pas les voir tous, le regard est obligé de se déplacer pour voir la danse de chacun ou de petits groupes, ainsi chaque spectateur assiste à une représentation différente, il réalise en quelque sorte son propre spectacle. Et c’est fascinant. Il y a bien sûr des moments où les danseurs se regroupent et se déplacent en même temps, des instants où on peut tous les suivre, mais tout s’accélère et ils tournent très vite autour d’un grand banc au centre de la scène (où ils sont assis au début).
Une belle invention scénique nous surprend : une petite caméra posée à terre filme de près les danseurs placés devant elle. L’image hyper agrandie est projetée sur la façade du Palais. Les danseurs de dix mètres de haut jouent avec la caméra et nous offrent des chorégraphies étonnantes incluant des visages, des torses, des jambes et des corps surdimensionnés. De belles et étonnantes images de danseurs comme on n’a jamais vu.
Suivent d’autres séquences autour de thèmes différents : un groupe dans une petite piscine qui se remplit à l’aide de seaux de couleurs portés par les danseurs, une danse où les corps s’accroupissent puis se redressent de bas en haut, presque sans déplacement, et d’autres trouvailles chorégraphiques étonnantes montrant la richesse et l’originalité de ce ballet qui se joue des codes, offrant à chaque participant le pouvoir d’exprimer ses propres interprétations et aux spectateurs de nouvelles émotions.
